Parution du volume 16 de la R2LMM
La revue R2LMM a le plaisir d'annoncer la sortie, en décembre 2022, de son 16ème numéro : Développer la créativité en didactique : pratiques multimodales et numériques dirigé par Magali Brunel et Amélie Lemieux. Pour explorer ce numéro, voici des extraits du texte d’introduction:
«L’attention portée à la créativité dans le champ scientifique des sciences humaines et sociales n’est pas nouvelle, mais elle a pris, depuis la dernière décennie, un relief particulier avec la prise de conscience de son importance comme compétence transversale essentielle pour le citoyen du 21e siècle. Ceci est notamment manifeste au niveau des organismes internationaux tels l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’Union européenne et les institutions éducatives de nombreux pays. En effet, face au monde complexe, multiculturel, mouvant et numérique auquel sont confrontés les citoyens, cette compétence est considérée comme nécessaire (OCDE, 2020) au même titre que la collaboration, la pensée critique, et les compétences en littératie numérique (Fastrez, 2010) et en littératie médiatique multimodale (Lacelle et al., 2015). Elle est également fréquemment associée à la résolution de problèmes.»
«Dans le domaine de la recherche en sciences de l’éducation, la créativité est une notion récente, tandis qu’elle a fait l’objet d’un intérêt bien plus ancien en psychologie cognitive. En 1950, Guilford la définissait comme « la complexité et la capacité à générer des idées nouvelles » [traduction libre] (p. 453). Si elle est apparue tardivement comme notion dans le champ des sciences de l’éducation, les réalités auxquelles elle renvoie ont fait l’objet de préoccupations bien plus anciennes : la créativité prolonge ainsi des réflexions fondamentales, notamment au sein des disciplines artistiques, par exemple autour de la tension entre don et apprentissage, ou entre inspiration personnelle et imitation. C’est finalement à l’aune de l’approche par compétences que cette notion a trouvé sa place en éducation, principalement dans la littérature anglo-saxonne (Dirani, 2016). Elle est ainsi aujourd’hui mobilisée dans une vision plus transversale de la formation des individus et est envisagée en relation avec les enjeux sociétaux contemporains d’une société post-industrielle et son projet d’insertion socioéconomique de l’individu.»
«Enfin, la créativité est rattachée à des contenus ou à des pratiques numériques, comme la pensée informatique, les recherches sur Internet, les projets pédagogiques numériques et les arts médiatiques (De Smet et al., 2020, p. 605). Pourrait-on considérer que ces contextes mobilisant informatique, numérique et supports médiatiques multimodaux sont favorables à l’émergence de compétences créatives? Si on les rapproche d’autres aspects également répertoriés dans la recension comme favorables à la créativité, tels que la réalisation de tâches complexes (Didier, 2016), les contraintes (Mili, 2012) ou les situations de jeu (Verzat, 2009), et que l’on retrouve dans des environnements multimédiatiques ou numériques, on peut en effet formuler et légitimer un tel questionnement.»
Pour explorer cette thématique, 8 articles, incluant l'introduction, proposent dans ce nouveau volume de la R2LMM une réflexion organisée autour de trois axes:
Axe 1. Ressources et créativité
Axe 2. Compétence interprétative et créativité
Axe 3. Production et créativité
«Au terme du parcours proposé par ce numéro de la revue, il nous semble que les contextes multimodaux et numériques recèlent en effet de nombreuses potentialités que peuvent solliciter les enseignants pour favoriser des activités créatives. Les articles soulignent également la complexité d’un apprentissage de la créativité au sein de situations scolaires et disciplinaires qui sont également et nécessairement des espaces porteurs de cadres et de régulation, tant physiques que symboliques. Ils insistent notamment sur l’importance du temps nécessaire à l’émergence de l’expression créative, ainsi qu’à l’influence des représentations des acteurs éducatifs (y compris des élèves) sur le développement de la pensée créative.»